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The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell
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21 juillet 2017

Hold on

 

Sauve qui peut

J'ai ainsi considéré ma sœur turbulente comme une insupportable emmerdeuse qui prenait plaisir à compromettre notre tranquilité dans la maison. Plus tard j'entendrais parler de « rivalité et chamailleries entre soeurs » alors que pour moi elle compromettait notre survie. Quoiqu'il en soit, j'ai appris très tôt à prendre au sérieux les énervements parentaux et Dieu sait qu'il y en avait. Chacun à part, et tous les deux ensembles.. J'essayais le plus possible de canalyser Marie pour que tout se règle sans leur intervention, et à laisser tranquile mon père hautement dégouté d'être coincé dans cette maison avec la folle insatisfaite. J'ai étendu cette supervision où « tout doit être parfait » à absolument tout. Je cachais tout ce qui dépassait, que ce soit un objet ou une émotion, bref, tout stimuli ou aspérité qui pourrait attirer l'attention sur moi et déclencher une « remise en ordre » ; de l'espace chambre ou de mon espace intérieur.

La remise en ordre, ou rangement, était particulièrement redoutée jusqu'à mes 18 ans. Ça commençait souvent par un petit échauffement où mère ouvrait tout, puis finissait par jeter tout et n'importe quoi au milieu de la pièce (en général, notre chambre), en hurlant crescendo que ça n'allait pas. Au début, quand nous étions au primaire, son mécontentement était très ciblé avec le rangement des jouets qu'elle jugeait laxiste. De ce que je me rappelle nous n'avons jamais détruit un jouet, comme j'ai pu le voir ailleurs dans des chambres d'autres amis. Puis avec le temps j'ai senti que derrière le prétexte de rangement il y avait le mécontentement d'autre chose. Et que ce mécontentement est devenu de la rage. Petit à petit les remarques nous ont plus ciblées en tant que personnes. Ou en tant qu'objets lui appartenant. Je n'ai jamais trop su à quel moment je devais me comporter en bon objet et à quel autre je devais faire semblant d'être un sujet. Je me sentais à juste titre « en plein milieu ».

 

Je ne comprenais pas mais la dynamique de cette relation toxique et malmenante prenait de plus en plus une forme précise. C'était moins caché derrière le « rangement ». Jusqu'à ce qu'elle s'en prenne à nous sans plus se défendre qu'il faille tout nettoyer. C'était nous qui étions sales. Inutiles, gauches, maladroites, en plein milieu... J'étais aussi , quand nous n'étions pas des objets-défouloirs, un objet-dépôt-d'affects-intimes. A l'occasion même, j'étais promue au rang d'accessoire de chantage affectif dans le couple défectueux.

 

Telle un vautour, elle avait dû sentir que ma personnalité permettait quelque profit de satisfaction narcissique et manipulatoire, au sacrifice de mon innocence. Une fois ma mère m'a dit, comme pour se dédouanner de sa culpabilité et m'en faire porter une énième fois la responsabilité : « Je t'ai toujours parlé de tout à toi parce que tu as toujours été très mature pour comprendre ». Voilà Laura. Prends moi ça s'il te plait, je veux pas le porter mais fais attention. Non c'est pas lourd ! C'est pas lourd c'est à toi ! Regardes, c'est toi qui l'a rendu possible, c'est ta faute viens pas te plaindre !  Quelle idée que d'être une petite fille calme et soumise, si mature, si tôt ? C'est ta faute si maman t'a balancé son intimité sexuelle et ses jalousies de couple ! Maman voulait pas mais tu étais si demandeuse avec cette maturité ! C'est toi qui l'as demandé, maman ne voulait pas te faire de mal.

 

 La perverse que j'ai de mère ne s'est pas une seconde demandé si j'avais la maturité affective pour encaisser des informations relevant clairement du monde laid des adultes. Elle a palpé, et elle a vu que j'aurais le silence et la résistance d'absorber sans broncher toutes ses déviances. Elle n'a pas hésité à me mettre aux premières loges de ses difficultés relationnelles, de ses chantages mesquins et violents avec mon père.  Elle s'est pas contentée de menacer mon intégrité mais a choisi d'attaquer ma construction narcissique saine, de sacrifier mon équilibre émotionnel, psychique et affectif pour satisfaire ses perversions morales narcissiques manipulatoires.  Elle a fait entrer dans ma tête molle et trop petite des problèmes d'adultes immatures et malsains, en intrusant sans arrêt mon être. Je me défendait pas. C'était ma mère, c'était mon père. Mon monde se restreignait à eux deux. Mon monde était très insécurisant. Des fois je me faisais pipi dessus.

 

 Plus tard j'ai appris que de trop forts élans de joie n'étaient pas tolérés. Mon père en était fatigué et ma mère en profitait pour se défouler et les écraser. Je me rappelle de tout. La tension dans la maison, les disputes, les phrases assassines. C'est dur de se faire assassiner quand on est petit et que les personnes vers qui on voudrait courir se réfugier sont celles qui vous plantent les lames. Alors on court pas. On bouge plus, on devient très calme et on se roule en boule à l'intérieur en attendant que ça passe.  Ils étaient peu soucieux de ce qui nous arrivait aux yeux ou aux oreilles. On aurait dit qu'on n'existait plus. Ils se renvoyaient des revendications personnelles, et aucune porte fermée n'aurait pu nous épargner un minimum. Pendant ce temps, j'apprenais. J'absorbais tout. C'est sûr, je n'allais pas devenir une petite adulte enthousiaste.

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