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The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell

The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell
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22 août 2017

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Escapate

 

Quand j'etais plus jeune et jusqu'a tard (la vingtaine bien passee), je ne sortais qu'aux horaires pour lesquels j'etais sure que les itineraires empruntes seraient vides de monde.

Ces itineraires etaient construits et prevus afin d'eviter de croiser un maximum de personnes, et en fonction des vitrines ou lieux que je preferais eviter (couleurs/lumieres/bruits agressifs..).

Je pouvais changer de trottoir un nombre ridiculeusement eleve de fois par evitement de certains ''amas'' de personnes, ou groupes de jeunes (afin d'eviter les contacts en etant prise au depourvu). J'avais des chemins de secours, des raccourcis. J'etais hyper tendue une fois dehors, j'essayais de respirer normalement mais ca donnait quelque chose de plutot sacade, comme avec de la marche rapide.

Je n'ai longtemps pas su ''comment marcher'', je veux dire a quel rythme, et est-ce que j'avais l'air naturelle (c'est-q-dire de ne pas penser a tout ca). Et puis en grandissant c'etait de pire en pire, car etant une fille, j'ai decouvert le harcelement de rue, et j'y avais droit systematiquement. Je m'enervais sans cesse et me montrais agressive. Une mauvaise remarque, un acte d'irrespect et je rentrais broyee. Cela m'arrive encore mais moins souvent car je n'habite plus dans la capitale, et j'essaie de m'isoler avec mes ecouteurs meme si des regards me donnent encore facilement des pulsions de meurtre. Je ne suis pas agoraphobe. Je peux aller ou la foule est, m'enfermer au cinema, aller dans des parcs d'attraction, etc...

Mais la ''rue'' s'est avere imprevisible et une jungle hostile. Prevoir les sorties dans les details (jusque dans les details vestimentaires et objets a tenir dans les mains pour relacher de la pression) est fatigant mais necessaire, autrement je suis vite contrariee et peut partir dans des monologues interieur ''anti-humanite''. C'est dire. Sortir est vraiment ''overwhelming'' a gerer, c'est ca: l'imprevisibilite sonore, visuelle, sociale, etc.

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22 août 2017

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Hyperlexie

 

 

« Hyperlexie ; habileté de lire et de comprendre -[…] Nous acquérons la majeure partie de nos apprentissages de faon autodidacte tout au long de notre vie. […] Nous aimons apprendre par nous même toutes les choses qui nous intéressent ; non seulement car nous manquons de patience, mais aussi parce que nous disposons de méthodes qui nous sont propres et nous permettent d'ingérer et de comprendre. »+« Tout ce que j'apprends est le fruit de recherches, d'études et de lectures personnelles » +« Je lis comme si ma vie en dépendait »+« Je peux devenir agressive si l'on essaie de me tirer de mon cocon d'étude. »+« L'information remplace la confusion que nombre d'entre nous ressentons dans toute intéraction avec les autres. Nous pouvons nous y focaliser, loin de tous les stimuli extérieurs. Nous contrôlons également ce que nous souhaitons intégrer, ce qui n'est pas le cas avec les gens, qui sont aussi imprévisibles qu'incontrôlables. » +«  Nous ressentons une sorte d'empressement à apprendre et à créer, et l'on ne peut créer quelque chose qu'en ayant une compréhension suffisamment approfondie de ce qui existe déjà. »

 

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J'ai toujours emmagasiné d'énormes quantités d'informations dans mon temps libre, et surtout depuis la dépression (peut être parce que j'ai eu peur quand mon cerveau était en mort psychique?).  J'ai des centres d'intérêts obsessionnels, extrêmement variés, approfondis jusqu'aux livres spécialisés ( aux prix exhorbitants). Je ne m'arrête souvent au milieu de mes multiples explorations qu'en tombant en hypoglycémie ou parce que je suis déshydratée ( et encore, j'ai pris le coup d'avoir toujours la bouteille d'eau remplie avant de commencer de façon à pas m'interrompre). Je suis à des niveaux d'absorption qui alarmeraient mon entourage proche. Une journée sans lire ou faire travailler mon cerveau est une journée perdue et je suis en manque si je passe plus de 4 jours de la sorte. Je me douche en 5min chrono si je suis sur un bouquin ou un sujet d'intérêt particulièrement excitant (c'est à dire qui m'en apprend beaucoup ou bouscule mes savoirs antérieurs). Je peux sautiller sur ma chaise toute seule par plaisir de découverte, ou dire à voix haute "putin trop bien", ou une poésie dans le genre. Quand j'essaie de me regarder de l'extérieur je me dis que cet état là doit exister chez la plupart des autres personnes quand on leur annonce qu'elles vont au ski, ou à la mer, ou qu'elles ont gagné quelque chose. Je me dis que si certains me voyaient ils me trouveraient bien plus bizarre que ce qu'ils pensent déjà! Quand je mange, petit déjeune ou m'endors, je mets généralement une conférence ou une interview en fond sonore, très bas car j'ai l'ouïe très fine et "ça tire" si c'est d'un cran au dessus que le "juste niveau" harmonieux.  En dehors des jours réservés à ces intérêts lors desquels je peux rester chez moi et m'y adonner sans limites, je déteste avoir trouvé « une pépite » à lire ou écouter et que l'horloge me rappelle qu'il est l'heure d'aller travailler (en général dans un endroit que je déteste et où je vais devoir faire ma comédienne à fond), ou aller à tel endroit avant qu'il ne ferme... J'en pleurerais de frustration . C'est une sensation d'injustice. S'il s'agit d'aller prendre le train ou d'aller dans une salle d'attente, à la limite je me console en emportant 3 volumes à feuilleter sur place. Mais c'est toujours compliqué de prendre livres, trousse, cahiers... c'est fatigant.

22 août 2017

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La vie hors norme

 

«  Il est extrêmement difficile de révéler au monde que vous êtes comme un poisson hors de l'eau, échoué dans une société où vous ne vous sentez pas à votre place. […] C'est là le point crucial du syndrôme d'asperger, les difficultés auxquelles nous nous heurtons, bien que réelles, ne sont pas toujours manifestes aux yeux des autres, ce qui fait que nos comportements ne sont pas compris aisément. »

Rudy Simone, Asperger

 

 

 

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21 août 2017

Asperger

"Les autistes ont la parole"- Conférence Asperger - Nantes, 23-01-2015

 

Conférence d'adultes Asperger - Rennes, le 12/12/2014

1 août 2017

A - Wonderwall

Today is gonna be the day
Aujourd'hui va être le jour
That they're gonna throw it back to you
Où ils rejetteront la faute sur toi
By now you should've somehow realised
A présent, tu devrais quelque peu t'être rendue compte
What you gotta do
De ce que tu dois faire


I don't believe that anybody feels
Je ne crois pas que quiconque ressente
The way I do about you now
Ce que je ressens pour toi en ce moment

 

Backbeat the word is on the street
N'écoute pas la rumeur
That the fire in your heart is out
Qui dit que la flamme de ton coeur s'est éteinte
I'm sure you've heard it all before
Je suis sûr que tu l'as entendue plus d'une fois
But you never really had a doubt
Mais jamais tu n'as eu le moindre doute
I don't believe that anybody feels
Je ne crois pas que quiconque ressente
The way I do about you now
Ce que je ressens pour toi en ce moment

 

 

«  Laura tu n'as aucun problème toutes tes névroses viennent de ta famille malsaine. Si j'ai un seul talent c'est celui de m'entourer de belles personnes. Honnêtes, intelligentes (souvent trop) et pures au sens de bonnes et donc belles. Tu fais délibérement partie de ces gens là. N'en doutes jamais. Les gens qui te font croire le contraire sont ces personnes laides et mauvaises qui par leur égo détruisent les autres, au bénéfice d'un bien être égoïste et vain. Tu n'es pas comme eux. Tu n'es pas ce genre de personnes. Tu es belle, mais si intelligente et si fragile. Ne te laisse pas avoir. Tu es une peinture blanche, c'est si facile de la ternir avec la moindre goutte de noir... Ne l'oublis pas tu es le blanc ils ne font que ternir ta vie, mais ne la définissent pas. »

A.

 

 

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1 août 2017

Arnolito

 

I just called to say I love you
I just called to say how much I care, I do
I just called to say I love you
And I mean it from the bottom of my heart
Can we sing it one more time please

 

 

Arnaud il met de la lumière. Il ne dit pas « encore cette tonalité ? Pourquoi de la nuit? ». Il dit « montres moi ce que tu as apporté. Hmm regarde, j'ai cette nuance légère, ça irait bien avec ce mélange. ». Des fois je ne veux plus mélanger parce que je suis fatiguée que ça ressorte gris caillou. Je n'y crois plus. Alors il mélange pour deux. La couleur passe, vire, je dis rien j'écoute et je regarde. Il peint en gardant mes petits morceaux et les met dans un tout où je ne vois plus que les cailloux. Ça forme un chemin, et ça me redonne l'envie de le parcourir parce que je sais que peu importe ce qu'il se passera, il sera là, à peindre les difficultés de façon jolie, à m'aider à trier quels pigments font du bien et lesquels sont absolument insoutenables – et peuvent être laissés de côté sans culpabilité. Quand il prend le temps de regarder mes morceaux de peintures tristes, et qu'il ne me juge pas, je garde de ces moments un échantillon de ce qu'il m'a montré que l'on pouvait en faire. Ne pas tout jeter. Je les garde pour me rappeler. Me rappeler qu'il est là peu importe les nuances que je porte, que je vaux du beau, et que certains pigments apportés par d'autres ne sont pas immuables ou définitifs. Arnaud il dit que la nuit ce n'est qu'un voile, et il me montre pleins de façons de tirer sur les ficelles pour le lever.

 

'là où l'on s'aime, il ne fait plus noir'

 

30 juillet 2017

NOAM

 

All over the place, from the popular culture to the propaganda system, there is constant pressure to make people feel that they are helpless, that the only role they can have is to ratify decisions and to consume. Noam Chomsky

 

 

'  Dans un monde où des cohortes d’intellectuels disciplinés et de médias asservis servent de prêtrise séculière aux puissants, lire Chomsky représente un acte d’autodéfense. Il peut permettre d’éviter les fausses évidences et les indignations sélectives du discours dominant. Mais il enseigne aussi que, pour changer le monde, on doit le comprendre de façon objective et qu’il y a une grande différence entre romantisme révolutionnaire - lequel fait parfois plus de tort que de bien - et critique sociale simultanément radicale et rationnelle. Après des années de désespoir et de résignation, une contestation globale du système capitaliste semble renaître. Elle ne peut que tirer avantage de la combinaison de lucidité, de courage et d’optimisme qui marque l’œuvre et la vie de Noam Chomsky.'

 

Jean Bricmont- Professeur de physique à l’université de Louvain (Belgique).

 

29 juillet 2017

bambambidouwouw

 

Passée à tabac psychologiquement, j'étais désorientée. Mais avais je seulement déjà connu de saines orientations  ? ...Inutile encore d'attendre de l'autre qu'il nous donne des repères.

 

Je ne sais pas à quoi ça sert. On vit pour soi-même, soit disant, et je voulais vivre avec cet autre. Mais il ne veut pas traverser avec moi. Et moi, j'ai pas envie de me porter. Je suis toute seule. C'est une tranquilité qui fait mal, mais qui empêche pire de venir. Je peux pas « passer ». Ma tristesse ne veut pas. Je ne sais pas à quoi ça sert tout ça. Je travaille, je peine, j'essaie de « m'en sortir ». J'attends que les jours, les mois, me passent dessus, rembourser ce con de crédit. Enfin, le crédit financier, et le crédit sur mon psychisme. Je veux me sauver. Pas me sauver non. La vie est dénuée de sens et elle est très difficile avec ces humanités. Je veux pas créer un de ces jours un être sensible qui ressente la douleur dans toutes ses nuances. Je veux pas amener quelqu'un qui pourrait être responsable de la souffrance qu'il infligerait à d'autres

 

Je ne peux quasiment rien contre la souffrance que renfermerait un autre. Ce serait ma responsabilité de l'avoir conduit à éprouver ce mal mais je n'en connaitrai jamais l'intensité exacte, quand bien même cela m'arriverait un jour, rien ne me dirait « tu vois ce que tu sens, là ? C'est ce que t'as causé à cet autre moment, là, à cet autre, à ce moment ». On ne connaît jamais l'intensité de la douleur des autres. On peut se faire l'idée que l'on choisit d'abord, que l'on peut, mais on ne l'a pas en nous. Je pense à cette douleur si particulière de la dépression par exemple, du gouffre immense. La douleur qui entre dans tous nos organes, qui irradie à des endroits qu'on ne pensait pas ressentir, qui enkilose les sens.

La douleur ça touche et ça se propage, comme des métastases. La dépression m'a fait l'effet d'une propagation de métastases. Au début t'en as un, il fait mal au cœur, il serre la gorge, puis des fois tu pleures........ le temps s'étire, et tu te retrouves avec des métastases partout, et bim, tristesse généralisée. Mais bon, yen aura toujours un pour te suggérer avec plus ou moins d'agacement (voire de mépris, au bout d'un certain temps de politesse) que t'as « qu'à te mettre un coup de pied au cul ».

Prenons une minute pour penser aux soins palliatifs où des infirmières et des médecins entreraient dans les chambres des malades - dont le corps est faible de lutter contre leurs métastases, qui ne mangent plus, ne bougent plus, etc..- et qui les mettraient en position de recevoir leurs coups de pieds au cul. Jusqu'à ce que mort s'en suive ou que le patient parte en courant, emplit d'une énergie soudaine et revivifiante. Mais les personnes qui suggèrent les coups de pieds au cul ont pas la lumière dans tous les organes à l'évidence. Impossible pour eux d'imaginer compassionnellement la réalité du mal d'une dépression, encore moins si elle est jugée particulièrement sévère.

 

La douleur donc, que ça vienne d'un coup physique ou d'un coup psychologique, ça touche. Que peuvent des paroles lancées contre « ça » ? Toutes seules, elles ne peuvent rien, passé un certain seuil de tristesse. Il arrive un moment où les mots lus ou entendus n'empruntent plus le chemin de ce qui peut entrer. Et puis les metastases vont partout, ils s'infiltrent à des endroits où les mots de vont pas. Alors on te parle de douleur, de cette douleur qui est la tienne, et on en fait des généralités, des suppositions, on s'essaie à te conseiller, on te parle croyances, de l'ami de machin et d'un tel.... Oh il ne faut pas se leurrer, on veut pas te la prendre. T'as l'air tellement minable. Mais on te dit « attends, prêtes deux secondes je vais voir », et vas y qu'on te la renomme, qu'on la transforme, qu'on la nie, qu'on la banalise, … Et toi t'es présent. Tu regardes avec peu de conviction (normal t'es en phase terminale), et tu te dis que déjà, on te la prend pas pour ce qu'elle EST. Ce qu'elle EST putin. Ce qu'elle fait sentir. Ça on le laisse comme un truc flou. En plus on sait même pas vraiment ce que c'est qu'une dépression, une vraie. Ça te mélange tout, la déprime, le blues, l'état dépressif, la baisse de moral... Je me demande s'il y a un type de coup de pied au cul pour chacun.

 

Quoiqu'il en soit, On prend ce simulacre, et on dépouille devant toi la douleur de ce qu'elle EST. Toutes ses petites nuances épineuses, ces combats jours et nuits et jours et mois dans chaque partie de ton corps, de ton cerveau (qui n'en peut plus c'est un bordel monstre les métastases), trop alourdit pour bouger. T'arrives juste à pleurer, à cauchemarder les yeux ouverts, à laisser ton cerveau épuisé passer en continu les pires destructions et idées noires possibles (avéréescar tu les as vécues, et inventées parce que tu vois pas d'issue). Des fois tu parles. Tu « en » parles. Tu tombes sur des personnes curieuses, qui écoutent tes descriptions comme si on leur présentait un projet de parc d'attraction avec un détail de chaque machine.

En fait ça sert à rien. T'attends. En te disant que t'en sortiras jamais. Et tu sais que c'est possible, et tu sais pas dans quel cas tu vas te retrouver. Celui de ceux qui diront dans 3 ans « j'ai fait une dp, avec mort psychique et blablabla », ou ceux qui seront plus là pour en parler (mais dont tout le monde parlera en ayant réinventé les « raisons de la dp », la pauvre..), ou est-ce que tu seras un légume finalement hospitalisé, ou est-ce que, est-ce que, est-ce que.... où tu vas ? Nulle part. Moi je me voyais dans un lit comme une poupée de chiffon avec une alimentation digne de la phase terminale, à dormir shootée et laisser la vie passer sur ce lit, où je finirais par être transparente, jusqu'à ce qu'un jour mon cœur meurre épuisé par la lutte contre la tristesse. Je me demandais si une fois morte, en faisant don de mon cerveau en l'état à ce moment, celui qui pourrait le recevoir (ou d'autres organes évidemment), allait en chier à remettre les hormones et tout les trucs chimiques au bon niveau pour vivre.

Parce que bon, refiler un cerveau en sidération, avec des dérèglements post trauma ou aucune sécrétion de sérotonine, je me demande ce que ça donnerait... Peut être un rejet de greffe. Enfin un cerveau déjà ça se greffe pas excusez moi mais je pensais quand même à des trucs comme ça. Tout mes organes déglingués par la dépression qui coulait dans mes veines et mes tissus comme de l'acide.. ça devait forcément les avoir abimés.

 

Bon donc revenons à la tristesse. Tu la ressens, elle a une réalité chimique en toi, et en face, on s'offusque que tu la ressentes « encore ». « ENCORE ?!! mais ça fait combien de temps que t'es dessus ? Tu t'y accroches ! » - Ta gueule-

 

On t'accuse de t'en parer, de t'en tartiner partout, alors que c'est elle qui se tape l'invite et décole jamais bon sang. T'as tout essayé. Les fêtes, les restaus, les pizzas, les glaces, dessiner, voyager, faire tout ce que t'aimes.. bordel t'es en coloc avec ton meilleur ami et tu gardes des chatons, t'as perdu 10 kilos tu rentres dans du XS et t'es pas contente. « Il y a un problème là, t'as un problème ! ». Sans rire ?! As tu VRAIMENT un motif ou un élément déclencheur de tristesse reconnuet approuvé par la masse en délire, la norme, la voix suprême ? Et si oui pour combien de temps ? Combien de temps de tristesse autorisée ça rapporte telle ou telle violence/ événement/choc ? On t'autorise quoi pour une emprise psychique ? Ah mais t'avais déjà connu la maltraitance psychique ? Ouai mais bon t'as pas vécu la guerre quoi. Avec des chars et tout quoi comme à la TV. Bon sinon dis nous quels sont tes projets pour arrêter ta tristesse ? Exposes nous ton plan. Pour des coups de poing au coeur, à ton estime de toi, à ta construction,vient un "bon" coup de pied au cul.. la belle affaire. Et de préciser "bon" comme s'il en était des mauvais, de coups de pieds.. Mais aurait-on idée sérieusement?!

 

Autrui peut se montrer encore plus malade que ta propagation de métastases. Ahurissant de connerie et pas honteux de les aligner. En société, ça te parle de (ex)poser ta tristesse comme 'ils' posent des vacances ou des arrêts maladie avec une durée précise et choisie. "allez, je me pose une DP les gars je reprendrai après". Dans la logique de cette lancée, on en vient à te demander le plus naturellement du monde un calendrier prévisionnel de ta "manifestation" (« tu penses que pour l'anniversaire de machin l'an prochain tu seras encore dans cet état ? » .. « non non tkt d'ici là j'aurai réussi à me tordre le genou en sens inverse et me serai donnée un violent coup de pied dans le sillon interfessier. Tu vois duquel je parle? Le BON »). Toujours feinter de fausses bonnes idées de "résolution de  la crise ". C'est comme une campagne politique. Ils en ont rien à battre dans le fond, de toute façon il n'y en a pas un qui achètera un livre pour voir de quoi il s'agit dans la réalité scientifique et psychologique, ils veulent juste que tu leur mente sur la forme pour continuer cette vie de surface dénuée de réflexion profonde qu'ils chérissent. C'est quand tu piges ça que tu te mets à inventer tout et n'importe quoi histoire qu'on arrête les procès et jugements-conseils-mais-en-vrai-jugements (« non mais tkt je me suis jamais laissée aller comme ça avant, tu me connais, ça ira mieux d'ici l'anniv de truc / le baptème de muche ... » . Noter l'emploi de « se laisser aller ». Toujours suggérer qu'on est RESPONSABLE totalement de cet état. Qu' on a choisit. ça fait partie du plan de ré-assurance. Penser que vous n'avez pas votre tristesse en main leur est inconcevable. Vous devez forcément vous y plaire, "sinon vous ne seriez pas ENCORE comme CA". Pour eux vous etes DANS la depression. Que neni que la depression en réalité SOIT EN VOUS. D'ailleurs ne dit on pas "être en dépression"? Comme on peut dire être en vacance. être en discothèque.

 BON  CONCLUSION, la tristesse ne doit pas être la tristesse. Elle ne peut pas être elle même. La tristesse est BANIE de cette société. C'est laid, on ne sait pas quoi en faire, et elle ne rentre pas dans beaucoup de boites. On te demande de la déguiser pour le bien commun, la paix dans la frivolité. Débrouilles toi mais arrêtes de nous la poser sous le nez à chaque fois, il est impensable de la laisser là quelqu'un d'autre pourrait la voir et qu'est-ce qu'on va dire ?! Il faut la transformer en quelque chose d'autre. C'est la le grand conseil avisé de ceux qui ne ressentent pas (leur profondeur de rélfexion étant forcément proportionnelle à leur capacité de ressentir.. cimer).

 

Donc on te propose au menu, la dépression qui révèle ta VOIE dans la galaxie, qui débouche sur du travail acharné, qui, magie, mute en énergie (lol) et « s'évacue par le footing, le yoga, la culture des légumes, blablagumes » (et là vous noterez qu'on est pas loin de la pratique transcendante et révolutionnaire du coup de pied au cul). Tu saignes ou tu transpires mais tu pleures pas. En fait on te demande de choisir un palliatif socialement non dérangeant pour faire mine d'être « comme tout le monde » et redevenir non nuisible visuellement. Certains gens doivent penser qu'à force de coup de pieds au cul FIOUF, la boule de dépression va jaillir de la bouche et dire « oh non ! Tu m'as sorti ! ». Ou qu'elle va s'évaporer dans la sueur. T'es quand même un sacré connard irresponsable égoiste de refuser de courir ou te bouger.

 

Et c'est sur ça que 96% des personnes que tu croises dans ta DP (oui parce que c'est la tienne tu la paies assez cher) restent. F.U.I.R. La dépression. Museler la dépression. Faire taire la dépression . Anesthésier la dépression.... Et tant que tu les écoutes, tant que tu refuses de l'écouter ELLE, ben elle hurle. Et toi tu as mal, et ça dure, ça dure, ça dure... C'est difficile de s'arrêter et de trouver la bonne personne qui va t'accompagner pour interroger tes symptomes de dépression. Personne veut s'asseoir et parler avec elle. C'est à toi de prendre les chaises et de dire ok, maintenant on va la regarder, on va arrêter d'écouter tout le monde qui part dans tous les sens et on va écouter ce qu'elle essaie de nous dire.

Parce que soyons clair, la tristesse infinie, les metastases, ils sont là pour nous dire « eh oh, mec, ça va pas ! A fait des années que je te dis gentiement que ça va pas, maintenant je vais te bloquer jusqu'à ce que tu regardes ce qui ne va pas. Et crois pas t'échapper je vais pas te lacher tant que t'auras pas mis le nez profond dedans ».

Voilà comment tu apprends à connaître ta dépression. Et voilà comment, parce que tu l'écoutes, elle t'accompagne, et vous allez ensemble chercher ce qui n'allait plus. En chemin tu laisses pleins de donneurs de conseils débiles sur le côté et, bizarrement, ça va de mieux en mieux. Bizarre bizarre. On greffe des coeurs, mais on ne greffe pas des cerveaux.

 

21 juillet 2017

SOFTLY

Avale.

Quand ça lui prenait elle choisissait un menu infâme, sans transition entre un poisson pané-riz et le pire des mélanges à l'odeur suspecte, sûre que j'allais refuser de manger. On entamait les prolongations où elle pourrait menacer plus longtemps. C'était le moment des larmes mais peu importe il était hors de question que j'avale. Le temps additionnel pouvait tarder jusqu'à 13h, 14h.. Quand des fois mon père se pointait. Quand on a la vie coupée en soi, qu'on est en boule dans sa gorge, ça peut pas passer. Avaler des petits poids et de la viande rouge ou pire du cheval... quelle horreur. Je sens encore le motif dessiné par la paille des chaises contre mes cuisses tellement je refusais de manger, et donc ne pouvais partir. Mais j'en avais tellement rien à foutre qu'elle veuille me forcer. Elle pouvait mettre des mots dans mon corps, elle pouvait lui faire mal dehors, mais dedans c'était à moi et elle pourrait pas rentrer par ma bouche. Des fois ils s'amusaient à venir à côté pendant que je pleurais de haine et avec la fourchette me mettaient des morceaux dans la bouche. Les connards. Ils riaient. Je faisais un stockage dans mes joues et allais tout recracher n'importe où après. Quand on veut me détruire on a pas à me nourrir après. Je ne supporte pas que l'on m'oblige à intégrer de force quelque chose dans mon corps, dans mon espace ; et ce d'autant moins que l'obligation provient de personnes contre lesquelles j'ai une colère sourde qui crie en moi.

 

« Vas faire le courrier »

 

Des fois on m'envoyait « faire le courrier ». Cette expression décrit bien à la fois le message que je transportais et celui que j'allais chercher. Quand elle avait passé la matinée à hurler comme un dragon avec un piment en travers de la gorge, j'avais une honte corporelle et intérieure qui se voyait d'autant plus décuplée par la montée d'appréhension de croiser un des voisins et qu'il me parle... « Alors comment a va ma jolie à la maison ? Ta mère et ta sœur ? On a entendu maman crier ce matin ! ». Moment de blanc. Qu'est ce que tu veux répondre ? « oui j'ai très mal au ventre de peur et envie de vomir mais je dois vite y retourner sinon ça va être pire ». Evidemment que non. D'autant moins que j'allais apprendre plus tard que la politesse sociale veut que l'on rassure l'interlocuteur même si ni lui ni vous n'êtes dupes. Il demande à être rassuré et s'assurer sa tranquilité personnelle de ne pas avoir à s'en mêler, le tout sans culpabiliser de sa non assistance. C'est une forme d'hypocrisie douloureuse pour moi mais confortante pour autrui. Il vient évacuer devant toi des doutes, en te demandant que tu nettoies cet espace et qu'il puisse reprendre sa vie tranquile, le tout avec un sourire entendu. C' était ce genre de moment où tu es pleine de vomi dégoutant, la haine de ta mère, que l'autre sent sans pouvoir déterminer ce que c'est tout en ayant une vague idée, mais comme on pointe pas du doigt un vomi... vous vous saluez poliment et chacun rentre chez « soi ». Ils demandaient à pouvoir saluer ma mère avec un sourire, de loin, quand ils allaient la voir sortir de la maison. Et elle s'assurait de leur renvoyer la même chose, d'obtenir la confirmation par cette convention que sa belle image de mère n'était pas écornée ou pire, démasquée.

 

Comment va?

Après ce genre de nutrition mêlée de honte et de rage, on allait voir mamie. On était bien calmes. Bien calmée. Notre cerveau avait un temps de latence pour bien intégrer et ranger aux bons endroits les humiliations et annihilations du matin. J'étais dans un état second où je n'aurais pas pu répondre à une question trop complexe ou qui demande plus qu'un automatisme. À la question « comment va ? Qu'est-ce que vous avez fait ce matin ? » de mère grand, ma mère énumérait le sempiternel « Rien, devoirs, ménage, rangement... ». c'était toujours le même jeu relationnel entendu entre mère grand et elle. Des fois il y avait la sœur de ma mère qui orientait la discussion avec le jeu « tu devrais faire du sport Flo, ça te défoulerait ! D'être toujours à ta maison là c'est pas bon. ». Et ma mère de rejouer en disant qu'elle n'avait pas le temps, qu'elle devait s'occuper de la maison, des filles, des courses, de « tout », qu'elle était « seule », que ce qu'elle ne faisait pas «  personne ne le ferait ». Et effectivement, nous l'espérions !

A sa décharge, ma tante ne savait pas (ou finalement savait?)) que ma mère avait ingénieusement trouvé de quoi combiner séance de cardio, défoulement psychique et petits étirements complémentaire. Il faut dire qu'il lui arrivait à elle même, ma tante, et ce malgré d'intenses pratiques sportives, de céder à ce genre de «séance officieuse» quand elle perdait le contrôle sur nos cousins. Mais c'est une autre histoire qu'il n'est pas la peine de relater tant elle est d'un point de vue clinique, pathétiquement semblable à celle qui est exposée ici. Ma mère retirait de ces moments de jeu, les bénéfices simultanés de la plainte et de la complaisance à se faire elle-même esclave du foyer et de notre tenue, « n'ayant pas une minute pour elle » - à notre plus grand regret.

 

Killing me softly

 

« C'est malheureux d'être obligée de crier pour que vous vous bougiez ! Il n'y a que quand je crie que vous écoutez bien ».

Hélas oui. Il n'y avait que quand tu pétais litéralement un câble sur nos têtes que nous étions obligées de supporter ta haine d'être, de vivre, et d'écouter pour la millième fois le récit de tes regrets – dont nous faisions inmanquablement partie à chaque fois -. Nous ne pouvions aller nulle part ailleurs comprends le bien, car cette maison était un piège refermé et nous, trop bien sonnées (merci le gas lighting et l'état de tétanie), pour ne pas oser franchir le seuil de cette porte et demander de l'aide. On bougeait comme des petits insectes pris au piège, incapables de te planter au milieu de cette asphyxie que tu provoquais, toi la conne hystérique que tu étais.

 

Once I was afraid, I was petrified,

thinking I could nerver live without you by my side,

but then I've spend so many nights, thinking how we did it wrong and I got strong,...

21 juillet 2017

Folie ambiante

 

Acharnement 'éducatif'

 

Au lieu de nous laisser ranger après avoir jeté les jouets et autres partout (au mieu en tas dans la chambre, au pire tout passait par la fenêtre vers le jardin), elle restait derrière nous, en hurlant avec sa voix méchante et en continu toutes les remarques possibles. C'était l'exercice sportif le plus défoulant pour elle. Elle aimait. Après elle se sentait vidée. Elle était très très calme. Pour le moment donc elle hurlait « NON ! Déplis ça ! Refais le ! Pas comme ça ! Putin mais recommence si t'es con ! Mais putin mais qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour avoir des filles pareilles tu fais QUOI LA ? Tu le fais exprès ? Tu veux que je crie ? Parce que je peux crier là ! C'est ça que tu veux hein que je m'énerve ? Allez plus vite on va pas y passer la matinée ! Bon poses ça prends ça occupes toi de ça ! ». C'était un stress qui me faisait me dissocier dans mon corps.

Pour le décrire, tout devenait brumeux dans ma vision. Je pouvais voir fixement très en face de moi, mais tout autour le champ était brouillé. Je ne la regardais pas dans les yeux, j'essayais de repérer le plus vite possible des choses à attraper, à faire, à plier, à ranger, TOUT et n'importe quoi qui fasse que je sois activée à quelque chose pour pas qu'elle me secoue ou me pousse vers une tâche. C'était assez lamentable comme technique mais je n'en avais pas d'autres. J'étais au milieu, elle ne nous lachait pas. On s'arrachait et se disputait des objets à ranger parfois avec Marie tellement nous ne voulions pas être celle qui « n'avait rien à faire » quand elle allait nous voir. On se battait littéralement en s'insultant « c'est moi qui l'ai vu laches ça t'as qu'à aller la voir toi ». C'était la panique et la confusion totale. Elle devait drôlement adorer cette emprise et ce petit jeu. Godzilla. Ma sœur était d'une lenteur... qui me paniquait encore plus. Je comprends maintenant que ce devait être « sa technique » pour avoir l'air occupée plus longtemps.

Allez, on va 'ranger'

Le truc avec cette activité sportive c'est que ça peut pas durer tout le long de l'enfance. Les enfants, aussi ingrats soient-ils, ils grandissent. Mais sa frustration était inépuisable. Il fallait qu'elle décharge la haine de sa vie, la haine de notre père, la haine de nous, la haine de sa mère, en toute aisance et légitimité.

On a ainsi glissé vers des remarques plus sophistiquées, moins voilées, sur le fait que nous ayons raté sa vie, gaché sa jeunesse, qu'elle ne comprenait pas pourquoi le petit jésus lui en voulait de lui avoir donnée ces incapables. J'avais dans ces moments les oreilles très tirées à l'arrière. Elles étaient tendues au maximum pour capter le maximum d'informations autour, prévoir quand le ton allait monter, quand il faudrait éviter une main, et tout le reste. Les pauses et intonations étaient des signaux très importants. Rien ne m'échappait, j'étais en hyper vigilance maximale et ce, sans le faire exprès. Je me suis aperçue que ce n'était pas un état d'enfance normale quand j'ai découvert le calme en vivant seule et échangeant avec d'autres personnes une fois adulte et éloignée de sa folie.

Des fois elle criait vraiment très très très fort et j'étais fatiguée par le niveau sonore physiquement. J'aurais aimé couper l'entrée, me boucher les oreilles, mais alors si j'essayais j'en ramassais une. Elle m'obligeait à la regarder dans les yeux quand elle se préparait à gifler. On devait regarder son visage dévoré de furie avant, et après. Alors je prenais sur les tympans et j'évitais de l'avoir dans mon champ de vision. Je disais surtout rien, pour ne pas lui donner d'accroche et qu'elle s'en saisisse pour rebondir. Contrairement à ma sœur qui se faisait parfois le plaisir de répondre, quitte à s'en prendre une, mais au moins elle essayait courageusement. Et suicidairement. J'avais peur pour elle, en même temps que je lui en voulais de la chauffer encore plus.

 

« Il est pas là ton père hein,

regardes comme il te laisse,

ce cher père que vous adorez ! »

 

Il arrivait forcément parfois durant ses crises d'hystéries que mon père se pointe maladroitement. Si elle le pourrissait royalement en son absence, ça pouvait devenir pire dès qu'il franchissait le seuil. On atteignait le climax de la crise. Je le détestais littéralement de se pointer, car souvent, il entrait en riant et lançait mi-penaud mi-je sais pas ce qu'il voulait être, « Ah ! J'arrive au bon moment ! Je vois qu'il y a du rangement... », devant nos mines atterrées. Il y avait le petit supplément rire gêné et le coup d'oeil vers nous du style « ah merde elle crie ? ». Après s'être pris une volée de 3-4 répliques par Godzilla, il posait le pain et se barrait jusqu'au soir, voire jusqu'à la nuit, et nous laissait. Avec elle. Il nous laissait.

Il nous a toujours laissé. Pas une fois il lui a dit « tu es folle je veux pas que tu les maltraites je les emmène. Venez les filles ». Pas une fois. Une fois, c'est papi riri qui est venu nous chercher. C'est lui qui a dit les mots pansement. C'est lui qui nous a enlevé. C'est mon ange.

 

Après cette sortie, on prenait encore plus cher. Je détestais mon lache de père. Elle se servait de sa fuite pour nous dire qu'il en avait rien à faire de nous. « regardez comme il vous aime ». Après, on devait aller manger.
C'est pour ça que j'avais jamais envie de manger. Les repas c'était associé à ces moments. On avait tellement intrusé mon intégrité et mon corps dans les crises que je ne pouvais pas avaler quelque chose de plus physiquement. J'avais faim. Je mourrais de faim. Avoir faim ça a beaucoup marqué mon enfance. Mais je voulais pas manger. En tout cas pas comme ça, pas sa nourriture. Je picorais pour pas tomber. Quand j'avais de la chance on avait le droit à un basique qui, une fois mâché, passait bien. Sans légume ni viande j'avais pas un goût qui envahissait ma bouche et ça pouvait passer de façon neutre.

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