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The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell
The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell
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29 juillet 2017

bambambidouwouw

 

Passée à tabac psychologiquement, j'étais désorientée. Mais avais je seulement déjà connu de saines orientations  ? ...Inutile encore d'attendre de l'autre qu'il nous donne des repères.

 

Je ne sais pas à quoi ça sert. On vit pour soi-même, soit disant, et je voulais vivre avec cet autre. Mais il ne veut pas traverser avec moi. Et moi, j'ai pas envie de me porter. Je suis toute seule. C'est une tranquilité qui fait mal, mais qui empêche pire de venir. Je peux pas « passer ». Ma tristesse ne veut pas. Je ne sais pas à quoi ça sert tout ça. Je travaille, je peine, j'essaie de « m'en sortir ». J'attends que les jours, les mois, me passent dessus, rembourser ce con de crédit. Enfin, le crédit financier, et le crédit sur mon psychisme. Je veux me sauver. Pas me sauver non. La vie est dénuée de sens et elle est très difficile avec ces humanités. Je veux pas créer un de ces jours un être sensible qui ressente la douleur dans toutes ses nuances. Je veux pas amener quelqu'un qui pourrait être responsable de la souffrance qu'il infligerait à d'autres

 

Je ne peux quasiment rien contre la souffrance que renfermerait un autre. Ce serait ma responsabilité de l'avoir conduit à éprouver ce mal mais je n'en connaitrai jamais l'intensité exacte, quand bien même cela m'arriverait un jour, rien ne me dirait « tu vois ce que tu sens, là ? C'est ce que t'as causé à cet autre moment, là, à cet autre, à ce moment ». On ne connaît jamais l'intensité de la douleur des autres. On peut se faire l'idée que l'on choisit d'abord, que l'on peut, mais on ne l'a pas en nous. Je pense à cette douleur si particulière de la dépression par exemple, du gouffre immense. La douleur qui entre dans tous nos organes, qui irradie à des endroits qu'on ne pensait pas ressentir, qui enkilose les sens.

La douleur ça touche et ça se propage, comme des métastases. La dépression m'a fait l'effet d'une propagation de métastases. Au début t'en as un, il fait mal au cœur, il serre la gorge, puis des fois tu pleures........ le temps s'étire, et tu te retrouves avec des métastases partout, et bim, tristesse généralisée. Mais bon, yen aura toujours un pour te suggérer avec plus ou moins d'agacement (voire de mépris, au bout d'un certain temps de politesse) que t'as « qu'à te mettre un coup de pied au cul ».

Prenons une minute pour penser aux soins palliatifs où des infirmières et des médecins entreraient dans les chambres des malades - dont le corps est faible de lutter contre leurs métastases, qui ne mangent plus, ne bougent plus, etc..- et qui les mettraient en position de recevoir leurs coups de pieds au cul. Jusqu'à ce que mort s'en suive ou que le patient parte en courant, emplit d'une énergie soudaine et revivifiante. Mais les personnes qui suggèrent les coups de pieds au cul ont pas la lumière dans tous les organes à l'évidence. Impossible pour eux d'imaginer compassionnellement la réalité du mal d'une dépression, encore moins si elle est jugée particulièrement sévère.

 

La douleur donc, que ça vienne d'un coup physique ou d'un coup psychologique, ça touche. Que peuvent des paroles lancées contre « ça » ? Toutes seules, elles ne peuvent rien, passé un certain seuil de tristesse. Il arrive un moment où les mots lus ou entendus n'empruntent plus le chemin de ce qui peut entrer. Et puis les metastases vont partout, ils s'infiltrent à des endroits où les mots de vont pas. Alors on te parle de douleur, de cette douleur qui est la tienne, et on en fait des généralités, des suppositions, on s'essaie à te conseiller, on te parle croyances, de l'ami de machin et d'un tel.... Oh il ne faut pas se leurrer, on veut pas te la prendre. T'as l'air tellement minable. Mais on te dit « attends, prêtes deux secondes je vais voir », et vas y qu'on te la renomme, qu'on la transforme, qu'on la nie, qu'on la banalise, … Et toi t'es présent. Tu regardes avec peu de conviction (normal t'es en phase terminale), et tu te dis que déjà, on te la prend pas pour ce qu'elle EST. Ce qu'elle EST putin. Ce qu'elle fait sentir. Ça on le laisse comme un truc flou. En plus on sait même pas vraiment ce que c'est qu'une dépression, une vraie. Ça te mélange tout, la déprime, le blues, l'état dépressif, la baisse de moral... Je me demande s'il y a un type de coup de pied au cul pour chacun.

 

Quoiqu'il en soit, On prend ce simulacre, et on dépouille devant toi la douleur de ce qu'elle EST. Toutes ses petites nuances épineuses, ces combats jours et nuits et jours et mois dans chaque partie de ton corps, de ton cerveau (qui n'en peut plus c'est un bordel monstre les métastases), trop alourdit pour bouger. T'arrives juste à pleurer, à cauchemarder les yeux ouverts, à laisser ton cerveau épuisé passer en continu les pires destructions et idées noires possibles (avéréescar tu les as vécues, et inventées parce que tu vois pas d'issue). Des fois tu parles. Tu « en » parles. Tu tombes sur des personnes curieuses, qui écoutent tes descriptions comme si on leur présentait un projet de parc d'attraction avec un détail de chaque machine.

En fait ça sert à rien. T'attends. En te disant que t'en sortiras jamais. Et tu sais que c'est possible, et tu sais pas dans quel cas tu vas te retrouver. Celui de ceux qui diront dans 3 ans « j'ai fait une dp, avec mort psychique et blablabla », ou ceux qui seront plus là pour en parler (mais dont tout le monde parlera en ayant réinventé les « raisons de la dp », la pauvre..), ou est-ce que tu seras un légume finalement hospitalisé, ou est-ce que, est-ce que, est-ce que.... où tu vas ? Nulle part. Moi je me voyais dans un lit comme une poupée de chiffon avec une alimentation digne de la phase terminale, à dormir shootée et laisser la vie passer sur ce lit, où je finirais par être transparente, jusqu'à ce qu'un jour mon cœur meurre épuisé par la lutte contre la tristesse. Je me demandais si une fois morte, en faisant don de mon cerveau en l'état à ce moment, celui qui pourrait le recevoir (ou d'autres organes évidemment), allait en chier à remettre les hormones et tout les trucs chimiques au bon niveau pour vivre.

Parce que bon, refiler un cerveau en sidération, avec des dérèglements post trauma ou aucune sécrétion de sérotonine, je me demande ce que ça donnerait... Peut être un rejet de greffe. Enfin un cerveau déjà ça se greffe pas excusez moi mais je pensais quand même à des trucs comme ça. Tout mes organes déglingués par la dépression qui coulait dans mes veines et mes tissus comme de l'acide.. ça devait forcément les avoir abimés.

 

Bon donc revenons à la tristesse. Tu la ressens, elle a une réalité chimique en toi, et en face, on s'offusque que tu la ressentes « encore ». « ENCORE ?!! mais ça fait combien de temps que t'es dessus ? Tu t'y accroches ! » - Ta gueule-

 

On t'accuse de t'en parer, de t'en tartiner partout, alors que c'est elle qui se tape l'invite et décole jamais bon sang. T'as tout essayé. Les fêtes, les restaus, les pizzas, les glaces, dessiner, voyager, faire tout ce que t'aimes.. bordel t'es en coloc avec ton meilleur ami et tu gardes des chatons, t'as perdu 10 kilos tu rentres dans du XS et t'es pas contente. « Il y a un problème là, t'as un problème ! ». Sans rire ?! As tu VRAIMENT un motif ou un élément déclencheur de tristesse reconnuet approuvé par la masse en délire, la norme, la voix suprême ? Et si oui pour combien de temps ? Combien de temps de tristesse autorisée ça rapporte telle ou telle violence/ événement/choc ? On t'autorise quoi pour une emprise psychique ? Ah mais t'avais déjà connu la maltraitance psychique ? Ouai mais bon t'as pas vécu la guerre quoi. Avec des chars et tout quoi comme à la TV. Bon sinon dis nous quels sont tes projets pour arrêter ta tristesse ? Exposes nous ton plan. Pour des coups de poing au coeur, à ton estime de toi, à ta construction,vient un "bon" coup de pied au cul.. la belle affaire. Et de préciser "bon" comme s'il en était des mauvais, de coups de pieds.. Mais aurait-on idée sérieusement?!

 

Autrui peut se montrer encore plus malade que ta propagation de métastases. Ahurissant de connerie et pas honteux de les aligner. En société, ça te parle de (ex)poser ta tristesse comme 'ils' posent des vacances ou des arrêts maladie avec une durée précise et choisie. "allez, je me pose une DP les gars je reprendrai après". Dans la logique de cette lancée, on en vient à te demander le plus naturellement du monde un calendrier prévisionnel de ta "manifestation" (« tu penses que pour l'anniversaire de machin l'an prochain tu seras encore dans cet état ? » .. « non non tkt d'ici là j'aurai réussi à me tordre le genou en sens inverse et me serai donnée un violent coup de pied dans le sillon interfessier. Tu vois duquel je parle? Le BON »). Toujours feinter de fausses bonnes idées de "résolution de  la crise ". C'est comme une campagne politique. Ils en ont rien à battre dans le fond, de toute façon il n'y en a pas un qui achètera un livre pour voir de quoi il s'agit dans la réalité scientifique et psychologique, ils veulent juste que tu leur mente sur la forme pour continuer cette vie de surface dénuée de réflexion profonde qu'ils chérissent. C'est quand tu piges ça que tu te mets à inventer tout et n'importe quoi histoire qu'on arrête les procès et jugements-conseils-mais-en-vrai-jugements (« non mais tkt je me suis jamais laissée aller comme ça avant, tu me connais, ça ira mieux d'ici l'anniv de truc / le baptème de muche ... » . Noter l'emploi de « se laisser aller ». Toujours suggérer qu'on est RESPONSABLE totalement de cet état. Qu' on a choisit. ça fait partie du plan de ré-assurance. Penser que vous n'avez pas votre tristesse en main leur est inconcevable. Vous devez forcément vous y plaire, "sinon vous ne seriez pas ENCORE comme CA". Pour eux vous etes DANS la depression. Que neni que la depression en réalité SOIT EN VOUS. D'ailleurs ne dit on pas "être en dépression"? Comme on peut dire être en vacance. être en discothèque.

 BON  CONCLUSION, la tristesse ne doit pas être la tristesse. Elle ne peut pas être elle même. La tristesse est BANIE de cette société. C'est laid, on ne sait pas quoi en faire, et elle ne rentre pas dans beaucoup de boites. On te demande de la déguiser pour le bien commun, la paix dans la frivolité. Débrouilles toi mais arrêtes de nous la poser sous le nez à chaque fois, il est impensable de la laisser là quelqu'un d'autre pourrait la voir et qu'est-ce qu'on va dire ?! Il faut la transformer en quelque chose d'autre. C'est la le grand conseil avisé de ceux qui ne ressentent pas (leur profondeur de rélfexion étant forcément proportionnelle à leur capacité de ressentir.. cimer).

 

Donc on te propose au menu, la dépression qui révèle ta VOIE dans la galaxie, qui débouche sur du travail acharné, qui, magie, mute en énergie (lol) et « s'évacue par le footing, le yoga, la culture des légumes, blablagumes » (et là vous noterez qu'on est pas loin de la pratique transcendante et révolutionnaire du coup de pied au cul). Tu saignes ou tu transpires mais tu pleures pas. En fait on te demande de choisir un palliatif socialement non dérangeant pour faire mine d'être « comme tout le monde » et redevenir non nuisible visuellement. Certains gens doivent penser qu'à force de coup de pieds au cul FIOUF, la boule de dépression va jaillir de la bouche et dire « oh non ! Tu m'as sorti ! ». Ou qu'elle va s'évaporer dans la sueur. T'es quand même un sacré connard irresponsable égoiste de refuser de courir ou te bouger.

 

Et c'est sur ça que 96% des personnes que tu croises dans ta DP (oui parce que c'est la tienne tu la paies assez cher) restent. F.U.I.R. La dépression. Museler la dépression. Faire taire la dépression . Anesthésier la dépression.... Et tant que tu les écoutes, tant que tu refuses de l'écouter ELLE, ben elle hurle. Et toi tu as mal, et ça dure, ça dure, ça dure... C'est difficile de s'arrêter et de trouver la bonne personne qui va t'accompagner pour interroger tes symptomes de dépression. Personne veut s'asseoir et parler avec elle. C'est à toi de prendre les chaises et de dire ok, maintenant on va la regarder, on va arrêter d'écouter tout le monde qui part dans tous les sens et on va écouter ce qu'elle essaie de nous dire.

Parce que soyons clair, la tristesse infinie, les metastases, ils sont là pour nous dire « eh oh, mec, ça va pas ! A fait des années que je te dis gentiement que ça va pas, maintenant je vais te bloquer jusqu'à ce que tu regardes ce qui ne va pas. Et crois pas t'échapper je vais pas te lacher tant que t'auras pas mis le nez profond dedans ».

Voilà comment tu apprends à connaître ta dépression. Et voilà comment, parce que tu l'écoutes, elle t'accompagne, et vous allez ensemble chercher ce qui n'allait plus. En chemin tu laisses pleins de donneurs de conseils débiles sur le côté et, bizarrement, ça va de mieux en mieux. Bizarre bizarre. On greffe des coeurs, mais on ne greffe pas des cerveaux.

 

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