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The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell

The river journey of a healing Salmon & its Oyster shell
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21 juillet 2017

Becoming insane

 

Screaming

 

Les moments où elle hurlait trois heures durant non stop et sans baisser ou arrêter plus de 10 secondes le débit j'aurais pu devenir folle. Je me croyais aussi devenir folle. Et puis je me sentais comme une merde puisque évidemment, en plus de remettre en cause notre naissance – avoir eu deux ingrates -, elle hurlait pour blesser. Quand ça avait l'air d'être positif ce n'était que de l'ironie pour se moquer, nous railler, nous diminuer, nous aplatir, pour tasser sous le tapis de la chambre le minimum de contentement de nous même qu'on aurait pu tenter de cacher au fond de notre cage thoracique. Biensûr, il y aura toujours quelqu'un pour glisser qu'elle ne pensait pas à nous détruire psychologiquement, dans ces moments de furie. C'est faux. Ce n'est pas d'un moment dont je parle, c'est de moments habituels, récurrents, violents, des paroles destructrices assénées avec répétition et délectation, sans s'interrompre, d'un coup, sous la violence de ce qu'elle venait de dire. Elle ne s'est jamais stoppée en s'excusant de l'horreur de ce qu'elle faisait. Jamais. Aujourd 'hui, quand je la confronte, elle nie l'ampleur de « ses colères », et les case tout juste dans « une période durant laquelle elle était au chomage ». Mensonge ! Mensonge ! Elle défoulait sa haine avant d'aller s'asseoir regarder la télé sur le canapé, comme si de rien n'était, nous laissant comme des zombies choquées dans la chambre, terrassées par ses salves de venin. Est ce que cette pratique sportive, ce petit loisir, sur deux êtres en attente de bonne construction, est le fait d'un seul écart ? Non.

J'ai longtemps pas pu parler de moi, à l'âge des faits, comme d'un petit être humain en devenir, innocent. « ça » s'est tellement produit, reproduit, sophistiqué, affiné, ces crises cinglantes, ça a tellement accompagné notre évolution, qu'on en est marquées et pétries. « Tu es mauvaise », voilà de quoi l'on est faites. Voilà notre opinion de nous mêmes. Voilà pourquoi on en autorise d'autres à nous écraser. C'est ancré dans ma moelle osseuse, dans chaque cellule de mon corps. J'ai cru jusqu'à 24 ans être imméritante, mauvaise, folle. Je sais que c'est aussi le cas pour ma sœur. Il faut qu'elle sache que ça ne vient pas de nous. Elle l'a mis en nous. On n'est pas nées comme ça, on ne doit pas le croire. C'est un parasite qu'elle amis et fait grandir à nos dépends dans nos corps.

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21 juillet 2017

Hold on

 

Sauve qui peut

J'ai ainsi considéré ma sœur turbulente comme une insupportable emmerdeuse qui prenait plaisir à compromettre notre tranquilité dans la maison. Plus tard j'entendrais parler de « rivalité et chamailleries entre soeurs » alors que pour moi elle compromettait notre survie. Quoiqu'il en soit, j'ai appris très tôt à prendre au sérieux les énervements parentaux et Dieu sait qu'il y en avait. Chacun à part, et tous les deux ensembles.. J'essayais le plus possible de canalyser Marie pour que tout se règle sans leur intervention, et à laisser tranquile mon père hautement dégouté d'être coincé dans cette maison avec la folle insatisfaite. J'ai étendu cette supervision où « tout doit être parfait » à absolument tout. Je cachais tout ce qui dépassait, que ce soit un objet ou une émotion, bref, tout stimuli ou aspérité qui pourrait attirer l'attention sur moi et déclencher une « remise en ordre » ; de l'espace chambre ou de mon espace intérieur.

La remise en ordre, ou rangement, était particulièrement redoutée jusqu'à mes 18 ans. Ça commençait souvent par un petit échauffement où mère ouvrait tout, puis finissait par jeter tout et n'importe quoi au milieu de la pièce (en général, notre chambre), en hurlant crescendo que ça n'allait pas. Au début, quand nous étions au primaire, son mécontentement était très ciblé avec le rangement des jouets qu'elle jugeait laxiste. De ce que je me rappelle nous n'avons jamais détruit un jouet, comme j'ai pu le voir ailleurs dans des chambres d'autres amis. Puis avec le temps j'ai senti que derrière le prétexte de rangement il y avait le mécontentement d'autre chose. Et que ce mécontentement est devenu de la rage. Petit à petit les remarques nous ont plus ciblées en tant que personnes. Ou en tant qu'objets lui appartenant. Je n'ai jamais trop su à quel moment je devais me comporter en bon objet et à quel autre je devais faire semblant d'être un sujet. Je me sentais à juste titre « en plein milieu ».

 

Je ne comprenais pas mais la dynamique de cette relation toxique et malmenante prenait de plus en plus une forme précise. C'était moins caché derrière le « rangement ». Jusqu'à ce qu'elle s'en prenne à nous sans plus se défendre qu'il faille tout nettoyer. C'était nous qui étions sales. Inutiles, gauches, maladroites, en plein milieu... J'étais aussi , quand nous n'étions pas des objets-défouloirs, un objet-dépôt-d'affects-intimes. A l'occasion même, j'étais promue au rang d'accessoire de chantage affectif dans le couple défectueux.

 

Telle un vautour, elle avait dû sentir que ma personnalité permettait quelque profit de satisfaction narcissique et manipulatoire, au sacrifice de mon innocence. Une fois ma mère m'a dit, comme pour se dédouanner de sa culpabilité et m'en faire porter une énième fois la responsabilité : « Je t'ai toujours parlé de tout à toi parce que tu as toujours été très mature pour comprendre ». Voilà Laura. Prends moi ça s'il te plait, je veux pas le porter mais fais attention. Non c'est pas lourd ! C'est pas lourd c'est à toi ! Regardes, c'est toi qui l'a rendu possible, c'est ta faute viens pas te plaindre !  Quelle idée que d'être une petite fille calme et soumise, si mature, si tôt ? C'est ta faute si maman t'a balancé son intimité sexuelle et ses jalousies de couple ! Maman voulait pas mais tu étais si demandeuse avec cette maturité ! C'est toi qui l'as demandé, maman ne voulait pas te faire de mal.

 

 La perverse que j'ai de mère ne s'est pas une seconde demandé si j'avais la maturité affective pour encaisser des informations relevant clairement du monde laid des adultes. Elle a palpé, et elle a vu que j'aurais le silence et la résistance d'absorber sans broncher toutes ses déviances. Elle n'a pas hésité à me mettre aux premières loges de ses difficultés relationnelles, de ses chantages mesquins et violents avec mon père.  Elle s'est pas contentée de menacer mon intégrité mais a choisi d'attaquer ma construction narcissique saine, de sacrifier mon équilibre émotionnel, psychique et affectif pour satisfaire ses perversions morales narcissiques manipulatoires.  Elle a fait entrer dans ma tête molle et trop petite des problèmes d'adultes immatures et malsains, en intrusant sans arrêt mon être. Je me défendait pas. C'était ma mère, c'était mon père. Mon monde se restreignait à eux deux. Mon monde était très insécurisant. Des fois je me faisais pipi dessus.

 

 Plus tard j'ai appris que de trop forts élans de joie n'étaient pas tolérés. Mon père en était fatigué et ma mère en profitait pour se défouler et les écraser. Je me rappelle de tout. La tension dans la maison, les disputes, les phrases assassines. C'est dur de se faire assassiner quand on est petit et que les personnes vers qui on voudrait courir se réfugier sont celles qui vous plantent les lames. Alors on court pas. On bouge plus, on devient très calme et on se roule en boule à l'intérieur en attendant que ça passe.  Ils étaient peu soucieux de ce qui nous arrivait aux yeux ou aux oreilles. On aurait dit qu'on n'existait plus. Ils se renvoyaient des revendications personnelles, et aucune porte fermée n'aurait pu nous épargner un minimum. Pendant ce temps, j'apprenais. J'absorbais tout. C'est sûr, je n'allais pas devenir une petite adulte enthousiaste.

21 juillet 2017

Learning to ghost

 

 

Once there was a time,

a ghost in a dust storm

 

Une certaine période dans notre début d'enfance, notre père devait nous garder le soir. Je dis devait car des souvenirs que j'en garde il était démissionnaire de ce moment et ils se disputaient à ce sujet souvent. J'en avais déduit que c'était une tâche qui lui revenait mais dont il se serait bien passé. Il disait souvent « tenez vous bien », « ne faites pas de bruit » ou « ce soir je ne veux pas vous entendre avec ta sœur je vous préviens ». Il était très prévenant mon père. Il y avait ce moment, le moment où il faisait couler le bain. C'était le moment où il se détournait et où ma sœur adorait innover dans ses tests et explorations. Du style jeter en toute discrétion dans le bain la télécommande, ouvrir le carton de pizza et la retouner sur le canapé... tout était fonction du silence. Je revois le moment où mon père se tournait et qu'il découvrait l'innovation. Elle était tranquile pour quelqu'un qui allait encore se faire allumer. Moi je voyais tout le déroulait et j'avais la peur au corps. Je me demandais quel plaisir elle avait à mettre en application de telles idées qui allaient forcément vite et mal se finir. Je souffrais plus qu'elle des remontrances qui ne m'étaient pas destinées directement. Quoiqu'il me demandât, plus elle grandissait, de garder un œil sur elle. Il n'allait pas tarder à me gratifier d'un « La prochaine connerie qu'elle fait si tu la laisses ce sera toi que j'engueulerai ». A l'époque je ne m'étais pas interrogée sur l'arbitraire discutable d'une telle « règle de soirée » mais je sentais bien qu'il y avait quelque chose d'injuste ou du moins, un déséquilibre. Mais je le voyais comme une punition car je me disais que je n'étais pas « comme je devrais être », « pas assez modèle », « pas assez calme »... Plus ma sœur était turbulente plus je m'effaçais, pour tenter de rééquilibrer le bruit et le dérangement général qui émanait de notre existence d'enfants.

 

Ce que j'aurais dû savoir à ce moment, c'était que mon silence et mon immobilité étaient des réactions de défense anormales pour une enfant. C'était pourtant les débuts de ce qui allait devenir ma « fausse personnalité », ou personnalité d'adaptation pour ne pas trop souffrir de ce modèle parental défectueux mis en place par mes deux « parents -enfants ». Ma sœur était pleine d'élan, d'insouciance (du moins pour le peu de temps qu'il lui restait avant de trouver sa propre fausse personnalité de protection). Je commençais à assumer les conséquences de ses actes et réparer le plus vite possible ses bêtises. À l'époque c'était encore gérable. Il ne s'agissait que de désincruster de la pâte à prout gluante des poils du tapis avant que ma mère ne rentre et soit alertée par le jaune fluo au sol.

 

J'apprenais donc tous ces soirs à percevoir et évaluer rapidement l'énervement journalier de mon père et le taux de marge potentiel qu'on allait avoir pour la soirée avant qu'il ne s'énerve vraiment. Ce qui ne changeait pas d'un soir à l'autre c'était son enthousiasme à devoir nous garder. Il était clair que « ça » le saoulait impérieusement. Il était pas présent à ce qu'il faisait quand il s'agissait de nous et nous laissait jouer dans notre chambre.Vallait mieux pas en déborder auditivement ou physiquement. Autant dire que vu l'âge de ma sœur elle était impossible à canaliser. Mais c'était ma tâche pour qu'il vaque tranquilement à ses occupations dans le salon.

 

S'il devait venir une ou deux fois à cause des cris ou parce qu'elle m'avait mordue ou frappé, il me faisait venir à la troisième fois « le voir ». « Laura. Viens me voir ». J'y allais résolue en sachant déjà ce qu'il allait dire mais en doutant quand même du genre de punition qu'il allait promettre. Il adorait être sec et tranchant quand il me parlait. Il devait me voir comme un petit enfant impressionnable – ce que j'étais- , sans voir que derrière cette enveloppe se trouvait un cerveau qui emmagasinait tout et allait se rappeler de tout. Je savais que la façon qu'il avait de faire c'était « pas bien ». Mais c'était lui qui commandait et il adorait aussi le rappeler alors j'étais docile. Il n'y avait plus de Laura. J'étais partie très profond dans mon corps et j'assurais le service minimum d'alerte dans mon cerveau. Ça faisait un point où j'étais que un cerveau et le reste seules mes jambes bougeaient parce qu'on leur commandait. Il me faisait donc venir et j'étais désignée « responsable du calme de la soirée ». Un jour où Marie me faisait des bleues et autres petites cicatrices, il m'avait avertit que si je revenais le voir avec la moindre trace de plus, il m'engueulerait à moi et je serais punie.

Ce souvenir-ci c'est bien simple, je le vois comme on regarderait la télévision. Et je ME vois car on avait une grande armoire à glace dans la chambre qui faisait tout un mur. Je nous voyais donc avec marie. Je nous ai vues quand elle s'est assise sur mes jambes pour me bloquer et m'a mordue à genous dans le dos. Et je me revois bien docile aller trouver mon père et lui montrer. J'ai dit calmement «  voilà tu peux me punir ».

21 juillet 2017

HP

 

 

Pré-coce

 

Je crois que ma mère a flairé comme un charogne mon développement particulier et s'y est engouffrée. Ma profondeur de pensée, mon écoute attentive, mon langage riche l'ont encouragé à me confier des choses que je ne pouvais alors pas recevoir car j'étais trop jeune. Affectivement à découvert ; comme un enfant de mon âge, mais aussi d'autant plus du fait de mon extrême sensibilité émotionnelle et ma propension à me poser mille questions.

 

Elle m'a forcé à lui remettre mon empathie toute entière, où elle devait être le centre de toutes les attentions, sinon il y avait le néant. Elle a ouvert la voie à d'autres pour profiter de cette maturité, de ma pensée, de mes affects, pour se confier et me souiller. J'ai dû ingérer chaotiquement pleins de choses avec la violence que cela implique de  recevoir dans une  vie encore mal dessinée, fébrile, d'enfant tentant de se construire ; Le tout en devant renvoyer à l'entourage une apparence de calme plat. Aussi plat vu de l'extérieur que mortel de ressenti à l'intérieur. Une apparence de calme qui incitait aussi d'autres adultes autour à y aller de leurs propres confidences. J'étais muette comme une tombe. Parce que j'étais dans la tombe que tous ces mots creusaient.

 

J'ai découvert très tôt avec une horreur difficilement soutenable le chantage, le mensonge, la trahison, la jalousie (un sentiment que je n'ai expérimenté moi même pleinement qu'à 21 ans), et surtout, la menace. Le chantage et la menace c'était le pire. Ça me tétanisait, je pouvais me faire pipi dessus.

 

Plus ce qui était déversé sur moi me blessait, plus je restais bloquée, moins je ne pouvais me mettre à l'abris, même dans ma tête où tout rentrait. Alors j'essayais d'intellectualiser, de renvoyer à ces « adultes » un argumentaire réfléchi, élaboré de façon à être apaisant – pour eux-. J'étais un petit tuteur sur lequel on peut s'appuyer fort. Pour ma mère surtout, mais pas que. J'avais un faible soulagement quand je parvenais à la rassurer, à faire revenir la « situation » à une norme à peu près prévisible, qui ne me fasse pas peur, jusqu'à la prochaine crise. J'en arrivais même à me sentir fière qu'elle se soit « confiée » à moi et que j'ai pu « gérer » . Je me disais que je prenais de la valeur. Je ne savais pas que je m'endettais à mon compte pour sauver le sien.

 

 

' Vous fonctionnez bien avec une surefficience mentale '

 

 

«  Bon ben du coup c'est bon maintenant que tu sais que c'est juste que t'es surdouée tu peux aller mieux quoi c'est bien ! »

Innocente innocence bienheureuse. Mais ça n'est qu'un énième commencement. Un commencement à défaire encore, peut être cette fois ci en se sentant la légitimité de le faire. Regarder les prismes à travers lesquels on essayait vainement de se décoder-conformer, prendre de nouvelles loupes pour se regarder, reconnaître les effets de déformations- ceux qui me faisaient me sentir anormale et enfermable dans un asile. Comment s'accueillir, alors ?

 

Ça m'a permi de comprendre l'acuité avec laquelle je me suis souvent taillée en voulant très très tôt décortiquer le monde et ses côtés les plus tranchants, ses travers, sa cruauté qui me blessaient énormément. Ce pouvait être le fait de ce fonctionnement particulier, de cette lucidité poussée plus loin que la majorité de mon âge.

 

Le fait que j'ai réfléchi très tôt – à dix ans et demi je voyais une coupure de journal avec Angelina Jolie et son bébé adopté au cambodge- à ne pas vouloir amener un être humain dans ce monde ci, mais à aider un petit être déjà mis au monde à y être accueilli et choyé, prend aussi un sens plus expliqué si je puis dire. Je l'ai toujours dit, je suis « trop » pour le monde humain tel qu'il est représenté et incarné majoritairement sur notre planète. J'en ai toujours souffert. J'étais à peine plus haute que le genou de ma grand-mère, je lui tenais la main, elle m'avait donné une pièce pour m'acheter quelque chose sur le marché, et en voyant un vieillard assis parterre, je me ressens tirer fort sur la main de ma grand-mère pour tendre mon petit bras vers le verre posé devant le monsieur, et lui donner la pièce, tandis que ma mère qui s'était tournée commençait à me disputer. Je ressentirai toujours le sentiment qui m'a traversé le corps en voyant ce monsieur assis. « ça » m'a traversé le corps de part en part, a tapé mon cœur, et mon corps s'est tendu vers lui par la même énergie traversante. Ma mère était furieuse mais ça n'était qu'un bourdonnement pendant que ma grand mère lui répliquait que c'était ma pièce et que j'en faisais bien ce que je voulais. De toute façon elle n'aurait pas eu le droit de la reprendre. Je savais déjà que c'était « comme ça ». J'étais triste en m'éloignant du vieil homme qui m'a souri.

 

Cette énergie et cette tristesse reviennent souvent.

Des fois je peux faire sortir l'énergie et aider un peu.

D'autres fois je serre ma gorge et ma tristesse en attendant de pouvoir faire traverser l'énergie.

 

 

21 juillet 2017

Psy & DROIT

Le système familial

incestueux,

 

P. Bauchet  E. Dieu   O. Sorel

http://www.psyetdroit.eu/wp-content/uploads/2017/02/PBEDOS-Le-syst%C3%A8me-familial-incestueux.pdf

Le syst fam incestueux 1

 

Le syst fam incestueux 2

 

Le syst fam incestueux 3

Le syst fam incestueux 5

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21 juillet 2017

RACAMIER

 

Le déni est l'une des principales caractéristiques du climat incestuel.

C'est ce que Claude Racamier appelait ' dénis diaphragmés '

= on tente de faire passer pour normales, naturelles,

des situations familiales qui ne le sont pas.

 

21 juillet 2017

CLAUDE HALMOS

L’inceste ne se limite pas au viol génital. Certaines situations ambiguës sont tout aussi destructrices. La victime ne peut mettre de mots sur sa souffrance.

 

 

«  C’est vrai que mon père s’arrangeait toujours pour entrer dans la salle de bains quand je m’y trouvais… C’est vrai que je ne supportais pas la façon dont il regardait mes seins… Mais quand même, il ne faut pas exagérer, il ne m’a jamais violée ! »

 Où commence l’inceste ?

 

Les déclarations de ce genre, les psychanalystes les connaissent bien, les médecins généralistes et les gynécologues aussi. Et tous savent à quel point il est important qu’ils réagissent à l’énoncé de tels propos. Car le " soignant " qui, face à ce " il ne m’a pas violée ", se tairait, se trouverait, quoiqu’il en veuille, en position d’apporter sa caution à une idée redoutable : celle selon laquelle l’inceste ne commencerait qu’au viol génital. Une idée à laquelle bien des " patientes " s’accrochent, parce qu’elle leur permet d’exorciser leur angoisse : " Mais non, mon père n’était pas incestueux. " Mais qui les laisse sans repères pour décrypter leur souffrance.Ces femmes sont d’ailleurs d’autant plus attachées à leurs convictions que celles-ci font l’objet d’un certain consensus. En effet, malgré tout ce qui peut se dire et s’écrire sur le sujet, le public a encore majoritairement comme représentation de l’inceste celle de relations sexuelles entre un père et sa fille. Dans la réalité, les choses sont autrement plus complexes. Car si l’inceste ne commence pas au viol génital, il ne se limite pas non plus aux relations père-fille.

 

Les actes incestueux sont, eux aussi, multiples. Si l’on peut, en effet, violer le sexe ou l’anus d’un enfant, on peut également utiliser sa bouche, sa main, sa peau – en se masturbant sur elle, par exemple –, son regard en s’exhibant devant lui ou en le faisant assister à des scènes sexuelles, ses oreilles en faisant en sorte qu’il entende les bruits de la chambre parentale, son corps entier, ses émotions et sa sexualité en faisant de lui le " partenaire " de jeux sexuels d’adultes.

Tous ces actes qui n’impliquent pas le viol génital sont pratiqués d’autant plus fréquemment par les parents incestueux que, s’ils laissent dans le psychisme de l’enfant et dans sa sensibilité corporelle des traces indélébiles, ils laissent en revanche son corps indemne de toute " marque " pouvant servir de preuve en justice.

 

Les “climats incestueux”

 

Mais l’inceste ne se limite pas non plus à cette longue liste d’actes, car, à côté de l’inceste que l’on peut dire " avéré ", il existe tout ce que l’on a coutume de regrouper sous le terme de " climat incestueux ". C’est-à-dire toute une série de comportements – gestes, attitudes, regards, etc. – qui provoquent chez l’enfant ou l’adolescent malaise et angoisse sans qu’il puisse vraiment situer les causes de son mal-être.

 

De ces " climats incestueux ", on pense souvent qu’ils sont " moins graves ". C’est une erreur : ils sont, en fait, extrêmement destructeurs. Leur caractère flou et imprécis les rend " sans limites ", sans contours définis. L’enfant, et plus tard l’adulte, ne peut donc pas dire : " On m’a fait ça " et se reconnaître, avec un sentiment de légitimité, victime. D’autant que, s’il interpelle l’adulte, celui-ci peut toujours nier : " Mais enfin tu rêves ! Qu’est-ce que tu vas chercher ? ", ou même lui " retourner le compliment " : " Tu as vraiment l’esprit mal placé ! "

De ce fait, ces " climats incestueux " se présentent toujours, en analyse, comme des pièges parfaitement verrouillés. Comment les ouvrir ? En comprenant qu’un certain nombre de critères permettent de définir ces situations.

 

Une érotisation de la relation

 

Le premier de ces critères est celui de l’érotisation de la relation parents-enfants : les sentiments qui les unissent ne sont pas chastes. Ils sont fortement teintés de sexualité. Et ce, sans que les uns et les autres en soient forcément conscients.

Cela peut être le fait de parents qui répètent, ainsi, une enfance dans laquelle l’interdit de l’inceste n’a pas été clairement posé. Ils savent consciemment que leur enfant ne peut être pour eux un objet sexuel mais, inconsciemment, ils l’ignorent ou le refusent. Cela donne, par exemple, des pères dont l’attitude face à leur fille est ambiguë. Le désir n’est pas totalement absent des regards qu’ils portent sur elle. Les baisers ont tendance à glisser de la joue à la bouche, les mains à s’attarder, etc.

Mais cela donne aussi bien des mères qui jouent les coquettes avec leur fils adolescent, essayant leurs robes devant lui et cherchant manifestement à provoquer chez lui une " admiration " qui les " narcissise ", qu’elles ne trouvent pas ou ne cherchent pas ailleurs.

 

De la même façon, on reste parfois dubitatif devant le récit de certaines " bagarres " entre pères et fils. Dans des familles où ce corps à corps quotidien et sans mots – " Ils se roulent tout le temps par terre tous les deux, ils adorent ça ! " dit la mère – n’est manifestement pas un jeu occasionnel, mais le seul mode de relations que pratiquent les deux protagonistes. On reste dubitatif, car on est fondé à se demander quels émois – peut-être éprouvés jadis à l’adolescence – le père recherche, inconsciemment, dans ces joutes qui sont, de toute façon, toujours érotiques pour un enfant. Tous les patients adultes qui racontent ce genre de souvenirs en témoignent.

 

Les " climats incestueux " se définissent également par une série de " non-séparations ". Pour que l’interdit de l’inceste soit effectif, il faut, en effet, que le but de l’éducation donnée aux enfants soit leur sortie de la famille : " Quand tu seras grand, tu ne vivras plus avec nous. Tu auras une femme (ou un mari), une maison, un travail, etc. "

La mise en place de ce projet peut rencontrer des obstacles, car quitter sa famille – passer du " dedans " au " dehors " – implique qu’elle soit " quittable ", c’est-à-dire que le " dehors " n’ait pas été présenté comme si terrifiant qu’il soit impossible de l’affronter, et que l’on n’ait pas, en le rejoignant, l’impression que l’on détruit le " dedans " : les parents. De ce point de vue, ceux d’entre eux qui utilisent leurs enfants pour compenser les manques de leur vie rendent l’opération particulièrement difficile.

 

De la non-séparation des corps

 

Mais pour effectuer le passage, il faut aussi que la façon dont il s’est structuré dans la famille donne à l’enfant la disposition de lui-même. C’est-à-dire lui permette de se sentir " un ", séparé des autres, " individualisé ", conscient de ses limites aussi bien corporelles que psychiques – " Je pense cela, je veux cela " –, reconnu et respecté comme tel par ses proches.

 

Un tel statut n’est pas possible dans toutes les familles. Certaines, en effet, ne fonctionnent pas comme un groupe d’individus séparés, vivant ensemble – et ayant plaisir à le faire –, mais comme un magma compact où tout colle avec tout, où chacun n’est pas " lui ", mais un morceau – indéfini – de l’ensemble. Dans ces familles, les " non-séparations " sont repérables à plusieurs niveaux :

    • au niveau des corps : comme dans cette famille de quatre personnes où il n’y avait dans la salle de bains que deux serviettes, dont l’utilisation était précisément réglementée. L’une devait servir pour le " haut " – le haut du corps – de tout le monde (parents et enfants). L’autre pour le " bas " – le bas du corps – également de tout le monde. Dans cette famille – où ni le manque de moyens ni le manque d’hygiène ne pouvaient expliquer cette particularité –, le collage des corps entre eux et la promiscuité des sexes étaient organisés… par serviettes interposées.

     

    • au niveau des intimités : c’est le cas des familles où l’on ne ferme ni la porte des WC ni celle de la salle de bains. Tout peut être vu en permanence par tout le monde. Les sensations corporelles et la construction du sentiment de soi sont parasitées par cette intrusion permanente du regard. D’autant plus ravageante pour l’enfant qu’il la ressent toujours comme l’effet d’un désir de ces parents : " S’ils ne ferment pas les portes, c’est qu’ils ont du plaisir à me regarder et à ce que je les regarde. "

     

    • au niveau des têtes : lorsque les parents s’acharnent à vouloir tout savoir de leur enfant. Ils ne lui autorisent aucune " vie privée " : ils épient ses conversations, ouvrent son courrier, etc. L’enfant se trouve d’autant plus " possédé " – dans tous les sens du mot – par eux que, dans ce système, ne pas " tout dire " est assimilé à un mensonge.

 

Enfin, la non-séparation des sexualités peut se faire par les mots, l’adulte faisant de l’enfant le confident de ses aventures, par exemple. Mais aussi par des actes quand l’enfant est (situation déjà évoquée) témoin – par les yeux ou les oreilles – de la sexualité de ses parents. Et la situation est pour lui ravageante. D’abord parce qu’il finit toujours par guetter ce qui se passe et s’en sent coupable. Et surtout parce que, utilisant ce qu’il voit ou entend pour sa propre sexualité – c’est souvent une source d’excitation avec laquelle il se masturbe –, il devient, à distance, le partenaire sexuel de ses parents.

 

à la non-différenciation des sexes

 

A côté de ces " non-séparations ", on trouve également, à l’origine des climats incestueux, une série de " non-différenciations " symboliques. Celles-ci peuvent concerner :

    • Les générations, le passage de l’une à l’autre n’étant pas clairement situé. L’enfant voit, par exemple, sa grand-mère paternelle rivaliser avec sa mère à propos de son éducation ou de la décoration de la maison ; ou le père drague les petites amies de son fils, etc.

     

    •  la place de chacun. L’enfant dort avec l’un de ses parents pendant que l’autre est relégué sur le canapé, il participe à toutes les conversations d’adultes et, parfois même, régente la maison, etc

     

    •  les sexes : l’adolescent utilise sa mère – qui l’accepte – comme confidente, " conseillère ", voire complice, de ses aventures sentimentales. La fille va acheter ses soutiens-gorge avec son père, sur ordre de maman… trop occupée pour l’accompagner, etc.

L’inceste – sous la forme, en tout cas, du " climat incestueux " – n’est donc pas le seul apanage de quelques monstres égarés. Des centaines d’hommes et de femmes témoignent tous les jours, en analyse, de la façon dont il est venu arrêter le cours de leur existence. Car l’inceste agit sur la vie de la même façon que le froid sur le sang : il la bloque, il la fige.

 

Pourquoi, néanmoins, le dit-on et, surtout, le sait-on si peu ? Parce que reconnaître cette douloureuse vérité impliquerait que l’on admette trois idées :

    • La " répétition " existe.
    •  la sexualité infantile existe.
    • Il n’est facile, pour aucun parent, de renoncer à la " possession " de son enfant.

Si l’on acceptait ces trois idées dérangeantes mais salutaires, ces trois idées héritées de l’enseignement de la psychanalyse, on serait sans doute plus à même de donner des repères aux parents et de protéger les enfants. Plus à même de mettre des limites au malheur.

 

Lorsque l'enfant 'provoque'

 

L’enfant cherche toujours inconsciemment – et Freud le souligne – à érotiser sa relation aux adultes. Certains, par exemple, refusent de se laver seul, alors qu’ils savent le faire, parce que l’aide de maman sous la douche à valeur de caresse. D’autres multiplient les " câlins " au-delà du raisonnable en faisant, au besoin, croire à leurs mères culpabilisées qu’ils souffrent d’un manque d’affection. Et, bien sûr, jouent gagnants si la mère en a souffert elle-même dans son enfance, etc.

Cette érotisation de la relation n’a rien de pathologique (dans CE sens là) : l’enfant a envie d’être " tout " pour l’adulte et de tirer de lui, comme de tout ce qui l’entoure, le plus de plaisir possible. Cela fait partie de son développement normal et il ne peut, seul, se mettre des limites. C’est aux adultes de le faire. 

21 juillet 2017

Little lila

 

Témoignage de mère toxique

 

Publié par Little Lila dans Harcèlement et manipulation

+ extrait de réponse de B. Titus, juillet 2013 

 

 

" Tout est tellement brouillé dans ma tête que je ne sais pas par où commencer. A l'âge de 6 ans, j'ai compris que ma mère était différente. A partir de ce jour, ma vie n'a été qu'une succession de menaces et d'angoisses. La boule au ventre, perpétuellement. Ma mère aimait nous infliger des humiliations à l'école (vestimentaires surtout), tout en ayant l'air de ne pas s'en rendre compte. Alors mes 2 soeurs et moi-même ne disions rien, pour la protéger et ne pas lui faire de peine. Lorsque j'ai eu 7 ans, ma mère a eu des crises régulières. Sans raison, elle s'en prenait à nous 3 en nous accusant d'être insupportables (nous étions des petites filles dites modèles), et elle partait alors en trombe de la maison en disant: Je vais prendre la voiture, je vais me foutre dans le mur. Et nous l'attendions sans comprendre ce qui avait déclenché cette crise, dans l'angoisse de ce qu'elle allait faire et dans la peur de nous faire gronder par notre père le soir. J'ai découvert à 29 ans que mon père n'a jamais rien su de ces crises. 

Nous avons grandi au milieu de son chantage au suicide et de ses crises de larmes, de ses heures passées au cimetière, ... , de sa haine contre sa mère, de ses moqueries de la famille en général. Mon père travaillait beaucoup. A mes 17 ans, un soir où ma mère rentrait d'une séance chez un de ses innombrables psys, mes soeurs et mon petit frère (né entre temps, nous avons 9 ans de différence), avons compris qu'elle allait le faire le lendemain. Nous avons donc recoupé nos plannings et je suis restée à la maison (je n'avais pas de partiels). Ma mère a attendu que je sois sous la douche pour avaler des médicaments. S'en est suivi le défilé des pompiers, smurs, ambulances, et gendarmes qui me questionnaient pour savoir si ce n'était pas moi qui avait tenté de tuer ma mère. Pendant qu'ils la ranimait par électrochocs, le pompier me criait dessus parce que je ne retrouvait pas ce qu'elle avait avalé et que la maison était remplie de médicaments. Je n'y étais pour rien... Nous passions notre temps à jeter les medicaments dangereux. Mais elle les cachaient. Je pense qu'il s'est laissé prendre par l'urgence de la situation. J'ai fouillé les poubelles, en vain. Elle m'avouera après qu'elle avait caché un sac de médicaments derrière son armoire. 

A mes 18 ans, elle a recommencé. Deuxième tentative dans la chambre de mon petit frère. Il avait 7 ans. J'ai trouvé mon petit frère avec des pansements: maman s'est coupée. J'ai tout de suite compris. Elle avait avalé des tas de comprimés, laissés à coté d'elle, et s'était tailladé les bras. Elle avait réduit en bouilli le nounours de son enfance. Il y avait de la mousse partout. J'ai accompagné les pompiers aux urgences. Je me souviens de mon frère qui regarde le camion de pompier s'éloigner, ma grande soeur le tenant par les épaules. Et ce tout petit bonhomme qui pleure et qui est pris de vomissements. Je n'oublierai jamais. Aujourd'hui, je rêve toujours de mon frere à l'âge de 7 ans. Il en a 23. Nous avons passé 6 h aux urgences où on m'a confié la tache de faire boire un biberon de charbon à ma mère. Puis passage par les experts psys. J'ai demandé à ce que ma mère soit hospitalisée pour qu'on la soigne. On m'a répondu qu'elle n'était pas malade. Nous sommes rentrées à la maison et tout a recommencé comme s'il ne s'agissait que d'une parenthèse. Et mon père? Elle faiat toujours ça quand il était en déplacement professionnel à l'autre bout de la France. Il rentrait toujours aussi vite que possible. J'ai passé la semaine suivante à recoudre son nounours. Moi qui ne savait pas coudre un bouton... Je lui avait reconstitué. Elle ne m'a pas remercié; elle m'a juste dit qu'elle ne se souvenait de rien. "

 

/

 

 

" [...] Elle m'a répondu: votre mère ne sera jamais déclarée malade car elle n'a pas de pathologie physique ou psychologique soignable. C'est une manipulatrice. Je n'ai qu'un conseil à vous donner: arrêtez de vouloir la sauver. Sauvez votre peau. Fuyez.

Ma grande chance, si je peux dire, c'est que ma mère n'a jamais réussi à me faire partager ses tendances suicidaires malgré sa trés grande envie. Jamais de la vie je n'aurais souhaité me déshonorer moi même comme elle l'a fait, je respecte la vie.... Mais ces mères là n'ont pas spécialement envie de nous voir mourir, c'est pour ça qu'elles ne nous "assassinent" pas, elles souhaitent tout simplement secrètement deux choses : la première, c'est qu'on soit aussi désemparée qu'elle et ça fonctionne bien quand on est ado. La deuxième chose qu'elles souhaitent, c'est qu'il nous arrive quelque chose (suicide ou autre), parce qu'elles considèrent avant tout que c'est à elles que ça arrive... elles feraient n'importe quoi pour attirer l'attention sur elles.

Une mère est le premier être humain, le premier objet d’amour de tout être humain. Quand cette mère est dans une interaction prédatrice envers son propre enfant, et surtout, qu’elle s’assure d’être la seule figure d’autorité comme c’est souvent le cas, il devient de plus en plus difficile de sortir de la toile perverse et de voir le monde de façon positive, bienveillante. Le père est écarté rapidement de la vie de l’enfant afin que personne ne remette en cause la toute-puissance de la mère perverse narcissique. Soit il est physiquement éradiqué, soit les relations sont tellement conflictuelles qu’il se retire émotionnellement. Ou malheureusement, il s’agit d’un père immature et irresponsable. "

20 juillet 2017

Broca

Extrait d'entretien

Roland Broca

(Docteur en psychiatrie générale

+ psychiatrie infanto-juvénile)




"Il est important de distinguer le lien conjugal du lien parental, c'est-à-dire distinguer le couple conjugal par rapport au couple parental. Dans l’évolution du couple, c’est le couple conjugal qui va déterminer le couple parental. Mais dans le passage du couple conjugal au couple parental, il va s’opérer des remaniements psychologiques très importants, qui vont pouvoir occasionner des perturbations, y compris, dans certains cas, des perturbations psychopathologiques, capables de mettre en péril le couple conjugal dans sa fonction de couple parental et vice versa.

Parler de parentalité, suppose aussi de bien distinguer ce que veut dire être père ou être mère, parce qu’on peut avoir un enfant sans être à aucun moment ni père ni même mère, car il y a des mères qui peuvent abandonner leur enfant suite à des difficultés. Elles auront conçu un enfant, mais elles n’auront jamais été, fonctionnellement et en droit, mères. En effet être père ou mère ce n’est pas un état, c’est une fonction, pratique et symbolique incarnée dans le quotidien des trois, et de l’amour apportés à l’enfant. Les pères aussi peuvent concevoir un enfant, parfois à leur insu d’ailleurs, mais sans jamais avoir été réellement père de ce fait. Et par la suite, ces personnes pourront avoir à un certain moment une revendication de paternité ou de maternité, mais sans avoir jamais exercé la fonction parentale. Car ce qui compte au niveau humain, c’est exercer la fonction, et non pas la dimension biologique. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir donné un ovule ou un spermatozoïde, mais d’apporter à l’enfant la sécurité, les soins, l’affection etc

 

La parentalité légale elle-même n’est pas un critère satisfaisant. Le rattachement par l’inscription dans un registre d’état civil, s’il confère des droits formels qui pourront être à l’occasion revendiqués comme légitimes d’un « devoir de propriété » sur l’enfant ne suffisent pas à créer un lien satisfaisant avec l’enfant. Si la personne est dans l’incapacité d’apporter les soins, la sécurité et l’amour, on ne peut pas considérer que cette personne soit réellement la mère ou le père de l’enfant, à l’opposé d’une femme ou d’un homme qui adoptent un enfant - à condition que cela se fasse dans certaines conditions, suffisamment précocement pour que l’attachement puisse se produire. Ces personnes, qui ne seront pas des parents biologiques, deviennent ainsi de véritables parents pour ces enfants et il n’y en aura pas d’autres, car aucune autre personne n’a pu exercer la fonction de parent, qui est une fonction éminemment symbolique mais également incarnée dans une attention au quotidien. La fonction biologique est purement animale, alors que la fonction humaine est symbolique. C’est cela qui complique les choses aussi, car la personne qui aura porté cette part biologique, même si elle n’a pas exercé la fonction, peu se sentir des droits sur l’enfant.

Un autre problème provient du fait que les parents, ceux qui exercent la fonction parentale peuvent se sentir, de ce seul fait, propriétaires de leurs enfants. Certaines personnes considèrent que le fait d’avoir un enfant est un droit, et que l’enfant est un bien de consommation comme un autre

Dans ce concept de parentalité peuvent s’introduire toutes sortes de facteurs qui vont perturber le schéma traditionnel du couple et de la famille. Mais nous ne sommes plus dans le concept traditionnel du couple et de la famille depuis un certain temps, et les valeurs dites traditionnelles sont depuis longtemps inopérantes, pour ceux qui ne s’y réfèrent plus. Les difficultés que l’on rencontre actuellement, le fait que les problèmes de la famille soient de plus en plus judiciarisés, sont liés évidemment à ces évolutions. Autrefois les problèmes de la famille n’étaient pratiquement pas judiciarisés : leur résolution relevait du conseil de famille, ou de l’autorité du pater familias. La loi ne rentrait pas dans le domaine de la famille. Elle y rentrera de plus en plus du fait que les cadres institutionnels contractuels de la famille n’existent plus, ou existent de moins en moins. A partir de ce moment, c’est la loi qui vient assurer, garantir la partie contractuelle qui a été évacuée de la volonté des sujets.   C’est le retour du refoulé.

Pour parler plus précisément des problèmes et des situations extrêmes que vous évoquez, il n’y a pas de raison objective à la limite du conflit, lors de la dissolution du couple parental. Je constate tous les jours, qu’il y a des parents qui vont se disputer la garde de l’enfant de façon extrêmement conflictuelle, avec la volonté farouche d’un deux parents de garder le contrôle absolu de la garde des enfants. Je constate que la majorité des cas que je suis amené à examiner dans mes fonctions expertales, et qui n’arrivent pas à se résoudre de façon à peu près consensuelle, relèvent, pour l’un des partenaires du couple parental, d’une pathologie mentale, et c’est ce qui justifie ce terme « d’aliénation parentale », avec la connotation que je lui donne, dans un sens pathologique au sens large. Ces deux parents, et au-delà les deux familles, qui se disputent un enfant dans un cadre juridique, vont déclencher une bataille judiciaire qui va devenir un enfer pour les deux, et qui aura des conséquences très importantes par la suite pour l’équilibre psychique de l’enfant. Dans ce genre de situation extrêmement conflictuelle, que je viens souvent à examiner, un des deux parents présente une personnalité nettement pathologique. Cette réalité est évidemment niée, car les gens ne comprennent pas que c’est une pathologie mentale caractérisée qui a occasionné la rupture du lien conjugal puis du lien parental. Et là on se heurte à deux difficultés majeures.

 

Le plus fréquent, c’est le démarrage après la naissance de l’enfant d’une pathologie mentale chez la mère, pathologie mentale de type psychose puerpérale, qu’il faudrait définir plus précisément bien entendu, mais qui révèle un domaine de psychose, probablement schizophrénique. C’est cette pathologie mentale, qui, dans certains cas, va faire éclater le couple conjugal.

 

Je vais vous donner un exemple à partir d’un cas clinique que j’ai bien étudié : une femme va faire une dépression post-partum, présenter des idées délirantes et avoir des difficultés à s’occuper de son enfant. Elle va être hospitalisées, va être traitée, mais faute de prise en charge adéquate, va se montrer incapable non seulement de faire face à ses responsabilités de mère, mais également à ses responsabilités d’épouse. Plus de relations sexuelles entre les parents. Le mari va réagir en rompant le lien conjugal, ce qui oblige sa femme à revenir chez ses parents, qui sont dans le déni total de la dimension pathologique du conflit. Ils sont dans l’idée que si elle va mal, c’est parce que son mari l’a rejetée. La dimension psychopathologique est complètement évacuée, déniée. Bien que les parents sachent que leur fille est suivie par une équipe de psychiatrie, et qu’elle prend des neuroleptiques, ils occultent leur propre responsabilité dans le fait que leur fille soit une malade mentale, et que ce n’est pas la rupture du lien conjugal qui a occasionné la maladie mentale mais le contraire. Ce couple se retrouve dans un conflit juridique et judiciaire sans fin, et dans 20 ans ils seront encore dans la même situation. [...] "

20 juillet 2017

Christel Petitcolin

 

' La malveillance gratuite est le summum de la stupidité.

Elle est tellement absurde et contreproductive

qu’elle en devient incompréhensible pour une personne

normalement constituée.

 

 

 

A un seuil donné de crétinisme,

l'intelligence bloque et ne peut plus accéder au concept.

Pourtant, il est dangereux de refuser de faire face à cette réalité.'

 

 

 

Si cette cruauté stérile se répandait, elle mènerait l'humanité à sa perte.
Quand les faits divers nous confrontent à cette violence poussée à son paroxysme, nous préférons croire à une crise de folie passagère, suivie de culpabilité chez son auteur. Vous entendrez souvent ce genre de commentaires gênés: "Il ne faut pas juger, on est tous capables de faire des choses terribles sous le coup de la colère ou dans un moment de folie."


Sans doute, mais les manipulateurs ne sont pas "sous le coup de la colère" et leur folie ne se manifeste pas ponctuellement: elle est chronique et invisible. Ces individus nourrissent une haine glacée et lucide à l'encontre des personnes qu'ils prétendent aimer. Ils agissent de sang-froid, en toute conscience.


Ce message-là est difficile à faire passer, même auprès de leurs victimes. Comment un être humain normal pourrait-il envisager que, sans aucun autre mobile que d'exercer sa toute-puissance ou d'évacuer sa frustration, un individu prémédite de détruire quelqu'un d'autre à petit feu, qu'il exécute froidement, patiemment ce plan et qu'il n'en ait aucun remords?"

 

"Nous croyons que tous les parents aiment leurs enfants. Cela est malheureusement parfois complètement faux. Certains parents immatures et égocentriques se servent de leurs enfants, exercent leur supériorité avec sadisme ou les instrumentalisent pour atteindre l'autre parent."

   "Tant qu'il n'est pas repéré et cadré, le manipulateur jouit d'une impunité effroyable, qui alimente et encourage sa folie de toute-puissance. Plus il passe entre les mailles du filet social et juridique, plus il s'enivre de son pouvoir et plus il devient déviant."

 

Enfants de manipulateurs : Comment les protéger ?   

https://books.google.fr/books?isbn=2813212377

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